Récit d'une LouveNe vous méprenez pas de mon récit incroyable, on ne choisit toujours pas son destin et le tracé de sa vie. Je ne crois plus en rien, ni en l'espoir ni à la Lumière. La seule que je connaisse encore est celle de cette foudre qui tombe sur les âmes les jours d'orage. Certains éclairs sont à moi et maman aurait préféré ne jamais me les voir attribuer car c'est elle qui a pâti de ce don involontaire.
Un soir d'orage, elle était partie du Fort qu'elle occupait avec un seigneur auquel elle n'était, malheureusement pour elle, aucunement mariée. La femme de ce dernier ne pouvant porter d'enfant il avait violé maintes et maintes fois une de ses servantes pour s'assurer de l'engrosser. Ce soir d'orage, à quelques jours de l'accouchement, la dame parvint enfin à lui échapper. Personne ne lui avait donc appris qu'on ne s'abritait pas sous les arbres lorsque la foudre s'abbat sur la terre ? Avait-elle oublié ? Toujours est-il qu'elle décéda des conséquences de l'orage et qu'au lieu de passer dans le sol la foudre traversa le placenta dans lequel je me trouvais. Ma génitrice tomba et ne se releva pas. Moi je naquis avec quelques jours d'avance bénie par l'orage, puis receuillie quelques heures plus tard par des cavaliers de la garde de mon père qui, stupéfaits de me retrouver vivante, se risquèrent de ne pas me cacher et de me ramener à mon père jusque dans la salle du trône sous un regard outré de la Reine qui ne voulait ouïr mon existence. C'est pourquoi je fus enfermée au sommet du donjon dans le froid et exposée au vent, avec comme seul loisir la contemplation d'une oeuvre...
D'après le tableau qui a esquissé mon enfance, je pus deviner que ma génitrice n'avait rien d'exceptionnel. Les domestiques me répétaient à longueur de journée qu'elle avait un tempérament mauvais et qu'il était bien heureux que je n'aie pas hérité de ces traits disgrâcieux qui ornaient mon caractère. C'était là l'explication de l'insulte de l'artiste qui avait voulu couvrir de sang les mains de cette dernière. Mon père n'était guère mieux. Il était un seigneur bourru ne pensant qu'à faire couler le sang et les larmes et je jalousais intérieurement le bonheur d'Indra, fille d'un seigneur voisin qui ne vivait qu'avec sa mère. Orpheline, oui, elle l'était... Mais qui en Eire ne rêvait pas d'avoir une mère qui l'aime, et surtout d'avoir l'assurance d'obtenir plus tard des terres et de ne pas vivre cachée en bâtarde ?
Je découvris qu'en finalité j'avais hérité des temparéments de ma mère et de mon père, mélange explosif qui me détruirent de l'intérieur. Je devins une de ces créatures intenables que le temps durcit davantage avec les années. Bientôt la reine décéda de la même façon de ma mère sous mon sourire cruel. C'est ainsi qu'à cinq années je découvris mes pouvoirs déjà puissants en les testant du haut de mon donjon gelé. La garce qu'était cette tête couronnée avait été punie des tourments qu'elle avait osé l'infliger toute mon enfance, mais à en juger par les pleurs du peuple, tout le monde pensait qu'elle était femme bonne et louable. Je fus donc délogée de ma tour et ramenée devant le souverain. Le changement soudain de température fit du mal à mon estomac et je vomis aux pieds de son trône de bois.
Il ne m'en porte jamais rigueur et me donna quelques jours après quelque chose que je n'avais jamais eu... Un prénom. J'avais huit ans et je m'en souviens comme si celà datait d'hier... Il m'avait enfin nommée. J'étais donc Alàtariël, mais j'eus beau attendre la suite, je n'avais eu droit de lui qu'à un seul prénom. Avant, les domestiques m'appelaient "Toi" ou l'"Autre" selon leur humeur. "Bâtarde" était aussi nom courant, mais il était vrai que je préférais et de loin la nomination d'Alàtariël.
J'étais enfin mibre, débarrassée de ma quarantaine de plusieurs années passées dans une tour froide, et je me mis à m'évader le plu souvent que je le pus. seule, j'avais appris à monter la belle jument alezan de mon père. Jamais avant je n'avais vu créature plus belle ni plus méchante et audacieuse. je l'aimais parce-qu'elle me ressemblait, sauvage et associable. jamais elle n'eut de manière néfaste envers ma personne. Etais-ce dû à mon jeune âge ? Je ne sais pas... peut-être qu'elle appréciait seulement de fuir le château tous les jours comme moi...
Je crois que de toute ma vie, c'est le seul être vivant que j'ai toujours apprécié. Je m'en servais surtout pour aller à Atha épier l'évolution de cette petite peste d'Indra. Je me promis d'un jour lui tomber sur l'échine, mais il se trouvait qu'elle avait la chance de ne jamais se trouver seule. de plus, si on me voyait, moi, vile bâtarde tomber sur le dos de la petite princesse j'aurais été pendue haut et court sans qu'on ne demande d'avis à personne. Chaque jour je la regardais jalousement, et chaque jour je la maudissais en crachant au sol et en jetant un regard mauvais sur ses terres. Jamais je ne quittais la jument, j'aimais le contact de son dos sur mes cuisses. c'est alors que je compris que la vie de châtelaine n'était pas fait pour moi. Après l'ultime défaite de mon père, j'ai déguerpi.
Papa avait signé un traîté d'alliance avec certains de ses voisins pour mettre main basse sur les terres de la mère d'Indra. Evidemment, j'approuvais avec contentement cette idée et j'attendais avec impatience de pouvoir décapiter ses poupées ridicules. Moi qui n'en avais jamais eu je m'étranglais dans ma propre jalousie. Nous avions commencé à brûler ses terres avec ravissement lorsque la main du Roi d'Eire nous arrêta. La petite peste d'Indra fut amenée par ce dernier. Elle serait Reine d'Eire. C'en était trop, je décidais de partir avec la jument. Jamais je ne revis mon père, et jamais il ne me manqua.
Mon chemin me mena finalement dans un endroit qui m'était inconnu. Là me tombèrent dessus des cadavres répugnants dont la vie n'avaient semble-t-il pas encore totalement quitté leurs corps décharnés. je crus alors que ma fin était arrivée. La jument fut dévorée, moi je ne garde de cette mésaventure qu'une large cicatrice traversant mon sein droit.. Je m'en étais sortie grâce à un éclair bien mené de ma main. Haletante, j'avais rampé quelques mètres avant de me retrouver face à une paire de pieds. Noirs et sûrement jamais lavés ces derniers dégagaient une odeur que je reconnaîtrais toujours. levant les yeux, je me rendais compte que ces orteils appartenaient à un vieillard possédant un barbe d'une longueur effroyable. Il se présentait comme étant un grand sage.
"Tu seras la gardienne des Morts si tu trouves un bâton digne de ce nom pour les tenir en respect ! je suis maintenant trop vieux pour tenir cette fonction et je vois en toi une force spectaculaire ! va, et reviens vite ! Le temps nous est compté avant que les Enfers ne se referment sur les Cieux !"J'avais regardé ce vieux fou avec amusement, puis sans répondre à sa quête avais continué mon bout de chemin. Non loin de là je rencontrais une dryade, magnifique qui semblait naître entre la mousse de l'orée d'un bois et l'aurore d'un nouveau soleil naissant. Elle se redressait devant moi fière et belle tout en se moquant de mon allure maussade et blessée.
"Mais regarde-toi, enfant de la Vie ! Que tu es basse, que tu es faible ! Regarde la beauté que je suis, née de la terre et du Ciel ! regarde la nouvelle Dryade ! Regarde celle née des mains de Gaïa !"Quand j'eus marre de la contempler, je lui donnais un grand coup de pied et la vis de suite tomber à mes pieds. Avec mon grand sourire supérieur je me dis que le bâton qu'elle deviendrais en mourrant serait parfait pour garder les Morts, et en effet ce fut une grosse branche noueuse où était sculptée une tête hurlante qui se modifiat selon so humeir. Contente de moi , comme d'habitude, j'emmenais le bâton au vieux sage qui sembla être impressionné par une quête aussi rapide et non moins parfaite. C'est ainsi que je devins la bergère des Ames Perdues. Ces dernières avaient toujours faim et je ne comprenais pas comment des estomacs morts pouvaient encore ressentir le besoin de digérer. Je ne les nourrissais donc pas, et eux ne mourraient pas une seconde fois. C'était là le principal.
Je restais ainsi coupée du monde, et aucune nouvelle ne venait titiller mes oreilles jusqu'au jour où un homme jovial venait annoncer aux terres d'Eire la venue d'un dauphin assurant une descendance digne au trône Irlandais. Verte de jalousie, je me disais que le bonheur non mérité de cette Indra serait bientôt fini, et que j'allais tuer ce nourrisson. Je ne sais si cette idée avait traversé la tête d'esprits multiples ou si j'étais si remontée que tout le monde sur mon chemin comprenait mon geste, mais j'appris bientôt que les souverains avaient décidé d'éloigner leur petit au peuple pour le sauver disaient-ils d'une mort certaine. La supercherie ! Il ne fallait pas me prendre pour une moins que rien ! ja savais que le petit allait être mis entre des mains de gens faibles et cette opportunité m'aiderai sûrement.
je quittais donc mon poste de gardienne de cadavres pas encore morts et je filais aussi vite que me le permettaient mes jambes vers une auberge lugubre où était laissé l'enfant en attente de placement. Personne ne m'avais prévenue de l'existence de cette satanée salamandre, de ce Tatsun maudit aubergiste soit-il qui pour protéger le petit Narvöl détruisit en peu de temps la moitité de mon sublime visage avant de me laisser pour morte dans un désert de pierres bouillantes. Je fus ramassée plus tard par un Roi, impressionné par l'aspect de mon bâton.
L'Homme se présentait comme étant Meldron, grande puissance désirant conquérir le monde en le baignant dans les larmes et le sang. cette personnalité me ramena à mon propre père et je compris en le suivant qu'un jour où l'autre il viendrait à bout du Royaume d'Eire et donc à cette Indra. Après avoir ramené mon troupeau de cadavres, je me ralliais à sa cause. je vis sous mes yeux s'agrandir la Horde des Loups, et sans vraiment le vouloir j'en devins une pièce maîtresse. De Meldron vinrent tour à tour un collier comme signant son appartenance, et le nom de Telrùnya accompagnant à merveille celui d'Alàtariël. Les morts jonchant les jardins Noirs agrandirent considérablement mon troupeau, j'étais devenue la bergère qui comptait le plus bétail dans tous les royaumes confondus.
Hiawn Hy était le maître de la Horde, et comme pour le remercier de ses multiples services meldron lui fit présent de ma personne. je ne m'en plaignais pas, pire même je me laissais compter fleurette et lune par cet inconnu qui à la longue je commençais à ne connaître que trop.
Me voici tantôt larbine, tantôt conseillère, tantôt dame de comganie et tantôt empoisonneuse ou espionne de cette charmante figure au sourire mauvais. Je l'entends, il me demande, je le vois, iul s'impatiente...
Je dois vous laisser, jeunes gens. Mon histoire s'arrête ici. Je dois retrouver mon maître...
Et obéir à ses ordres.